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Rencontre à Paris entre le RN et des membres du Département d'Etat
information fournie par Reuters 25/06/2025 à 00:04

Des drapeaux français et américains à Paris, France

Des drapeaux français et américains à Paris, France

par Gabriel Stargardter et Elizabeth Pineau

Une délégation du Département d'État américain a rencontré des responsables du Rassemblement national (RN) le mois dernier à Paris, mais leur offre de soutien à Marine Le Pen, fragilisée par une condamnation pour laquelle elle a fait appel, a été rejetée par le parti français, a appris Reuters auprès de deux sources.

Ni la "patronne" du RN ni le président du parti Jordan Bardella n'ont assisté à la rencontre, qui était menée côté américain par Samuel Samson, conseiller au Bureau de la démocratie, des droits de l'homme et du travail du Département d'État.

"Ce n'était pas à ce niveau", a précisé un membre de l'entourage de la triple candidate à la magistrature suprême en France.

Selon une autre source, l'objectif de cet entretien était d'envisager les moyens, pour l'administration Trump, d'apporter un soutien public à Marine Le Pen, qui a fait appel d'une condamnation à quatre ans de prison dont deux avec sursis, 100.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité avec exécution provisoire après avoir été reconnue coupable le 31 mars de détournement de fonds publics dans l'affaire des assistants des députés européens du Front national.

L'approche américaine a tourné court, les responsables du RN jugeant contre-productif un soutien du Département d'État dans la perspective de l'élection présidentielle que le Rassemblement national espère remporter en 2027, a déclaré l'une des sources.

Selon cette dernière, la partie RN a expliqué à ses interlocuteurs que la future candidature présidentielle était solide, quel que soit l'impétrant : Marine Le Pen ou Jordan Bardella si la cheffe de file du parti était empêchée.

Un haut responsable du département d'État, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a confirmé la tenue de la réunion mais contesté l'idée d'un rejet d'une offre d'aide américaine. Selon ce responsable, les représentants du RN "ont indiqué qu'ils devaient agir dans leur propre intérêt en tant qu'entités indépendantes". Le camp de Marine Le Pen a, d'après lui, salué l'engagement de Washington.

L'attitude du parti français montre que le soutien de Donald Trump peut être perçu comme un fardeau par les nationalistes européens, malgré une certaine proximité idéologique avec le locataire de la Maison blanche.

Un proche de Marine Le Pen a dit ne rien savoir quant à une offre d'appui de l'administration Trump, ajoutant que "dans tous les cas, un soutien à notre parti d'une administration étrangère n'est pas vraiment dans nos habitudes."

Début juin, le Bureau de la démocratie, des droits de l'homme et du travail a publié sur le réseau X des messages relatifs aux entretiens de Paris, indiquant y avoir "rencontré des responsables français, des partis politiques et d'autres parties prenantes pour réaffirmer un engagement commun en faveur de la liberté d'expression, du choix démocratique et de la liberté religieuse..."

"LIBERTÉ D'EXPRESSION"

Les auteurs se disent préoccupés par ceux qui, en Europe, "utilisent la guerre juridique pour museler la liberté d'expression et censurer leurs opposants politiques."

Dans un article publié sur le site du Département d'Etat au lendemain de sa rencontre avec le RN, Samuel Samson considère que le cas Le Pen prouve que "l'Europe est devenue un foyer de censure numérique, de migrations massives, de restrictions à la liberté religieuse et de nombreuses autres atteintes à l'auto-gouvernance démocratique."

"Le recul démocratique de l'Europe (...) affecte de plus en plus la sécurité et les liens économiques des États-Unis", écrit-il.

Contacté par Reuters au sujet de la rencontre avec Samuel Samson, le RN n'a fait aucun commentaire.

Donald Trump, le vice-président J.D. Vance et le milliardaire Elon Musk ont ​​tous apporté leur soutien à Marine Le Pen après sa condamnation.

Dans les jours qui ont suivi, la présidente du groupe RN à l'Assemblée a accusé "le système" d'avoir sorti la "bombe nucléaire" pour anéantir ses espoirs présidentiels. Elle et ses alliés ont depuis atténué leurs attaques contre l'institution judiciaire et les sondages montrent qu'une majorité de Français considère que sa condamnation était justifiée.

Samuel Samson figure au nombre des jeunes hauts fonctionnaires les plus ambitieux du Département d'État.

Diplômé de l'Université du Texas à Austin en 2021, il a commencé une carrière à l'Institut thomiste, dont le site internet évoque la "mission de promouvoir la vérité catholique dans notre monde contemporain en renforçant la formation intellectuelle des chrétiens dans les universités, au sein de l'Église et dans l'espace public au sens large."

Samuel Samson a participé à une campagne de soutien à des manifestants anti-avortement au Royaume-Uni, a indiqué l'une des sources interrogées par Reuters.

(Reportage Gabriel Stargardter et Elizabeth Pineau, avec Humeyra Pamuk à Washington, édité par Zhifan Liu)

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